Les leçons américaines
2007 / 2012
Le capitalisme est malade, l’occident est souffrant. Le combat des 99% contre les 1% est devenu le symbole d’un niveau d’inégalité intolérable. Depuis la crise financière, le « déclinisme » s’est introduit dans le débat public américain. Selon un sondage publié par le magazine Times en octobre 2011, 71% des Américains pensent que leur pays est en déclin. Barack Obama peut parvenir à faire tuer ben Laden, mais il n’a pas les moyens de moderniser le réseau ferroviaire. Le « déclinisme » ne date pas d’hier, mais la prédiction de Goldman Sachs (avant la crise) selon laquelle la Chine, en terme de PIB deviendra la première économie mondiale, devant les États Unis, en 2027, a frappé les esprits.
Les nations ne sont pas des entreprises, mais des communautés d’êtres humains ; comment peuvent-elle être perçues et dirigées autrement que dans cette perspective ? Le marché prétendument «autorégulé» a appauvri les masses, a affaibli la cohésion sociale et a diminué l’aptitude des Américains à vivifier leur mythologie commune. Cette mythologie, ramène à mon sens, l’idée du déclin en des termes plus symboliques que réels, en effet pour les Américains, être les plus puissants, les premiers, est une partie intégrante de l’identité ; certes il faudra de nombreuses années pour que la Chine égale les États Unis et pour que l’Asie soit conquérante dans tous les domaines, mais une fois ce socle posé, elle demeurera indépassable. Le potentiel d’évolution, dû notamment au nombre de ses habitants, est immense.
Pour ne pas vieillir, l’occident doit s’inventer une nouvelle jeunesse : il lui reste quelques avantages à penser les droits des hommes, à moins que le capitalisme finisse par engloutir cela aussi.